TRADUCTION / INTERPRÉTATION / DIFFICULTÉ A SE COMPRENDRE

Notre époque vibre aux soubresauts de multiples portables, envahisseurs de notre quotidien.
Les technologies ultra-modernes avancent à une vitesse toujours plus fulgurante, dans un temps où nos biens de consommation théoriquement durables sont  intentionnellement condamnés par les techniques soumises à  l'obsolescence programmée. 

Nos connaissances dans les différentes cultures et civilisations n'ont jamais été aussi complètes. Des hommes et femmes traduisent toutes les langues, dialectes du monde, y compris celles que l'on dit mortes.

Mais le paradoxe de cette envolée technologique et intellectuelle, est que les hommes dissertent sur ce qu'ils pensent que l'autre (qui a écrit dans sa langue propre) a voulu dire.



En traduisant, ils interprètent, et font des contre-sens, en ressentant, en imaginant à leur manière ce que le texte originel signifie.

Le mot en langue étrangère à quelques significations, quelques variations de sens... Mais que dire de ce que ce terme englobe pour celui qui l'utilise, quels ressentis et sens cachés sont voilés par l'encre ?
Ce n'est pas le traducteur qui sera en mesure de nous l'expliquer !

Et tout texte que nous pensons comprendre, nous ne nous efforçons finalement que le déchiffrer, tant la personnalité et le ressenti de son auteur y sont attachés, et peuvent transformer le sens de la lettre.

L'incommunicabilité entre deux êtres tient de la même faille, du même écueil. Deux Français qui se parlent, ne se comprennent que dans le sens général, jamais dans le détail. Chaque parole a une telle part de subtilité, de subjectivité, que son sens ne peut être qu'interprété grossièrement, et que ce mauvais français devient du charabia ou du chinois.


"Traduire : transvaser un liquide d'un vase à col large dans un vase à col étroit.  Il s'en perd toujours." Victor Hugo

"Toutes les fois que je lis mes textes en traduction, ravalés à l'intelligible, dégradés par l'usage de tout le monde, je tombe dans la désolation et le doute. Tout ce que j'écris ne tiendrait qu'aux mots ? [..]. Quelle leçon de modestie et de découragement que de se lire dans un style de procès-verbal, après qu'on a peiné des heures sur chaque vocable ! Je ne veux plus qu'on me traduise, qu'on me déshonore à mes propres yeux ." 
(Emil Michel Cioran / In Cahiers : 1957-1972, p. 67).

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